Una reseña de FABULA
Hay un sitio web en francés excelente, Fabula: La recherche en littérature. A los favoritos tiene que ir. Y ahí acaba de aparecer (en portada y todo) una reseña de The Dynamics of Narrative Form, editado por John Pier, un libro de la serie "Narratologia" en el que tengo un capítulo (Berlín y Nueva York: Walter de Gruyter, 2004). Y como la reseña me recomienda, pues os la recomiendo a su vez. De hecho es todo un pequeño tratado de narratología en sí misma. Se titula "Le récit comme forme-mouvement" y la ha escrito Didier Coste, el autor de Narrative and Communication. ¡Muchas gracias por la buena opinión, y por darla a conocer! (que son dos cosas, y no una). Esta es la parte de la reseña que habla de mi artículo:
L’excellent et limpide article de J.A. García Landa intitulé « Overhearing Narrative » se meut agilement entre pragmatique conversationnelle, théorie du littéraire et narratologie structurale, disciplines dont il combine les apports sans rien rogner de leurs spécificités ni gommer ce qui dépasse de chacune d’elles et continue de dépasser leur combinaison.
Loin de s’arrêter même au schéma complexe mais désormais classique de la communication narrative consacré par Wolfgang Iser, il saisit la force heuristique de l’analogie entre récit oral et récit écrit pour mettre en relief la figure de l’« unintended reader », que nous appellerons, faute de mieux, «lecteur imprévu » en tant que rôle transgressif paradoxalement nécessaire à la production collaborative du sens. Ni narrataire textuellement désigné, ni même inclus par le texte dans les catégories du public de lecteurs préférés ou de lecteurs moyens ou quelconques, le lecteur imprévu est à son tour différencié selon qu’il occupe telle ou telle position d’extériorité : tantôt simple « overhearer » (témoin involontaire) ou « eavesdropper » (guetteur invisible, espion qui prend note, derrière la porte ou le rideau). L’appel à Erving Goffman, entre autres, fait fructifier de façon surprenante des notions introduites par Gerald Prince il y a vingt ans et scolairement sédimentées depuis, illustrant ainsi à la fois une continuité de propos avec une certaine narratologie structurale et le clair besoin d’aller voir de plus près dans la « vie réelle » des récits et des œuvres de tout poil. Cette prise en compte de «formes complexes d’interaction communicationnelle » (199) débouche sur deux constats particulièrement intéressants. D’une part, l’incomplétude du dialogisme bakhtinien —et l’on pourrait épiloguer sur les raisons qui interdirent à Bakhtine de sortir d’une dialectique strictement historique. Et, d’autre part, que la « critique critique » (en particulier celle qui pratique une interprétation plus symptomatique qu’empathique afin de débusquer l’idéologie ou d’autres composantes sous-jacentes des dispositifs textuels) est précisément celle qui, sans surplomber le texte, se place plus ou moins délibérément en porte-à-faux, de biais ou de côté, dans cette lacune de l’espace communicationnel pré-arrangé par l’institution littéraire et dont l’émergence du lecteur imprévu ouvre la béance transgressive.
García Landa a parfaitement raison d’insister sur le besoin d’étudier à la fois et parallèlement l’interaction préconstruite par le texte littéraire et son auto-contextualisation, et l’interaction effective qui peut avoir lieu dans des situations et contextes radicalement étrangers à l’époque de production textuelle, voire inconcevables pour cette culture. Il a raison aussi de souligner que les récepteurs même hostiles ne peuvent échapper à une certaine «ratification » dans la mesure où ils doivent au moins un temps faire comme s’ils partageaient les présupposés idéologiques textualisés, fût-ce pour les dénoncer. Il fait enfin un pas décisif en suggérant que la production lectorale du sens ne résulte pas seulement d’une interaction entre, mettons, un lecteur impliqué et un auteur impliqué, mais au moins d’une négotiation, si ce n’est une mise en acte de conflit, du sujet lisant avec soi-même. (204) Le sujet clivé, postcolonial, par exemple, qui est entre dedans et dehors, aurait vocation privilégiée à être un tel lecteur intensif, générateur de sens et de signifiance littéraire.
Jusqu’ici cependant, on ne voit guère en quoi la communication narrative diffèrerait de toute autre communication littéraire, et le régime lyrique, dont il est question aussi dans ces pages, fournirait, García Landa en a conscience, d’excellents exemples, sinon l’exemple par excellence de la génération d’un lecteur/auditeur officiellement imprévu —indésirable ou titillant par sa tierce présence— s’invitant au cœur du soliloque plaintif ou du dialogue amoureux. L’auteur émet alors l’hypothèse, a priori recevable que le récit fictionnel (le romanesque), en tant que genre composite notamment, est à même de déployer des stratégies tour à tour subtiles et déconcertantes (de représentation et de dissimulation de la dynamique de communication souhaitée ou refusée) pour jouer à cache-cache avec ses anti-lecteurs, ses lecteurs subreptices et autres envahisseurs de la veillée des chaumières. Une dynamique (transgressive et analogue à celle de la métalepse) est une fois de plus mise en valeur ; mais sur ce dernier et ce seul point on pourrait peut-être demander au théoricien d’aller encore un peu plus loin en se posant la question redoutable pour tout narratologue de l’inertie et de la répétitivité du récit.
Loin de s’arrêter même au schéma complexe mais désormais classique de la communication narrative consacré par Wolfgang Iser, il saisit la force heuristique de l’analogie entre récit oral et récit écrit pour mettre en relief la figure de l’« unintended reader », que nous appellerons, faute de mieux, «lecteur imprévu » en tant que rôle transgressif paradoxalement nécessaire à la production collaborative du sens. Ni narrataire textuellement désigné, ni même inclus par le texte dans les catégories du public de lecteurs préférés ou de lecteurs moyens ou quelconques, le lecteur imprévu est à son tour différencié selon qu’il occupe telle ou telle position d’extériorité : tantôt simple « overhearer » (témoin involontaire) ou « eavesdropper » (guetteur invisible, espion qui prend note, derrière la porte ou le rideau). L’appel à Erving Goffman, entre autres, fait fructifier de façon surprenante des notions introduites par Gerald Prince il y a vingt ans et scolairement sédimentées depuis, illustrant ainsi à la fois une continuité de propos avec une certaine narratologie structurale et le clair besoin d’aller voir de plus près dans la « vie réelle » des récits et des œuvres de tout poil. Cette prise en compte de «formes complexes d’interaction communicationnelle » (199) débouche sur deux constats particulièrement intéressants. D’une part, l’incomplétude du dialogisme bakhtinien —et l’on pourrait épiloguer sur les raisons qui interdirent à Bakhtine de sortir d’une dialectique strictement historique. Et, d’autre part, que la « critique critique » (en particulier celle qui pratique une interprétation plus symptomatique qu’empathique afin de débusquer l’idéologie ou d’autres composantes sous-jacentes des dispositifs textuels) est précisément celle qui, sans surplomber le texte, se place plus ou moins délibérément en porte-à-faux, de biais ou de côté, dans cette lacune de l’espace communicationnel pré-arrangé par l’institution littéraire et dont l’émergence du lecteur imprévu ouvre la béance transgressive.
García Landa a parfaitement raison d’insister sur le besoin d’étudier à la fois et parallèlement l’interaction préconstruite par le texte littéraire et son auto-contextualisation, et l’interaction effective qui peut avoir lieu dans des situations et contextes radicalement étrangers à l’époque de production textuelle, voire inconcevables pour cette culture. Il a raison aussi de souligner que les récepteurs même hostiles ne peuvent échapper à une certaine «ratification » dans la mesure où ils doivent au moins un temps faire comme s’ils partageaient les présupposés idéologiques textualisés, fût-ce pour les dénoncer. Il fait enfin un pas décisif en suggérant que la production lectorale du sens ne résulte pas seulement d’une interaction entre, mettons, un lecteur impliqué et un auteur impliqué, mais au moins d’une négotiation, si ce n’est une mise en acte de conflit, du sujet lisant avec soi-même. (204) Le sujet clivé, postcolonial, par exemple, qui est entre dedans et dehors, aurait vocation privilégiée à être un tel lecteur intensif, générateur de sens et de signifiance littéraire.
Jusqu’ici cependant, on ne voit guère en quoi la communication narrative diffèrerait de toute autre communication littéraire, et le régime lyrique, dont il est question aussi dans ces pages, fournirait, García Landa en a conscience, d’excellents exemples, sinon l’exemple par excellence de la génération d’un lecteur/auditeur officiellement imprévu —indésirable ou titillant par sa tierce présence— s’invitant au cœur du soliloque plaintif ou du dialogue amoureux. L’auteur émet alors l’hypothèse, a priori recevable que le récit fictionnel (le romanesque), en tant que genre composite notamment, est à même de déployer des stratégies tour à tour subtiles et déconcertantes (de représentation et de dissimulation de la dynamique de communication souhaitée ou refusée) pour jouer à cache-cache avec ses anti-lecteurs, ses lecteurs subreptices et autres envahisseurs de la veillée des chaumières. Une dynamique (transgressive et analogue à celle de la métalepse) est une fois de plus mise en valeur ; mais sur ce dernier et ce seul point on pourrait peut-être demander au théoricien d’aller encore un peu plus loin en se posant la question redoutable pour tout narratologue de l’inertie et de la répétitivité du récit.
1 comentario
JLG -
Un saludo.